Un jouet pour les enfants

 

Un jouet pour les enfants

La peur a toujours été mauvaise conseillère : un de nos proverbes dit : « La chose effrayante qui ne cesse de faire peur de jour comme de nuit, finit par être un jouet pour les enfants »

Depuis quelque temps les maliens ont peur des sanctions qui pourraient venir de la CEDEAO, dans le cas où les autorités de la transition n’y mettraient pas un terme au plus tard fin février 2022, en organisant des élections. La majorité des citoyens du Mali a peur mais voudrait une révolution qui aboutirait à Mali kura, un Mali reconstruit, avec des institutions fortes plus adaptées à notre société multiséculaire qui lui permettront d’être à l’abri de perturbations du genre de celles que nous connaissons en ce moment et pour longtemps. Cependant certains, majoritairement, les responsables du régime défunt et leurs alliés, les inconditionnels de la démocratie apparente ont peut être plus peur que les autres et s’agitent pour démultiplier cette peur afin d’aller dans le sens que la CEDEAO cherche à imposer. Comment sommes nous arriver la ? En quoi consiste cette peur et quels pourraient être les conséquences en fin de compte?

La marche vers la terreur

Le dernier président démocratiquement élu arrive a la présidence du Mali en 2013, suite à des élections qui ont été considérées comme correctes, avec une grande majorité des votants. Le régime installé, celui de la mauvaise gouvernance par excellence : non application des lois et règlements, promotion des amis et de la famille, cooptation des opposants, détournement de deniers publics, marchés publics réservés, a conduit en 8 ans le pays dans l’impasse. Les services de sécurité, l’éducation, les services de santé, la justice ne fournissent plus les services attendus. La vie devient chère de plus en plus chère. La société malienne est en ébullition. Le fond est atteint lorsque la non application des lois et règlements de la république devient officiellement normale, le premier ministre ayant affirmé publiquement qu’il n’appliquerait pas la loi n° 007 du 16 janvier 2018 portant statut du personnel enseignant des enseignements secondaires, fondamental et de l'éducation préscolaire et spéciale, votée par l’assemblée nationale et promulguée par le président de la république.

Une révolte populaire sous la forme de manifestations exigeant des changements nombreux et divers. Des semaines durant, les manifestants, parmi lesquels des personnalités politiques, syndicales, religieuses et de la société civile occupent l’espace publique. Le manque de réponse adaptée radicalise le mouvement qui devient une exigence de changement de régime. Les manifestants, m5-rfp en tête, battent le pavé pendant des semaines, la répression fait des morts. Le changement de régime devient inéluctable.

Le coup d’état militaire alors survenu a été reconnu par l’armée elle même et l’immense majorité des manifestants comme un parachèvement du mouvement populaire et a tout de suite bénéficier de leur soutien. Les militaires ont mis du temps à comprendre ce que voulait le peuple et on commit des erreurs qui ont entamé leur crédibilité.: déclarations et leurs contraires, changements attendus qui n’arrivent pas, etc ... Le régime militairo-civile mis en place n’était qu’une continuation de l’ancien régime. L’objectif poursuivi par la transition à ce moment visait à procéder le plus vite possible afin que l’ancien régime puisse s’installer avec de nouvelles têtes aux commandes. Ils ont donc fixé la fin de la transition en février 2022.

Les activités du gouvernement pendant cette phase de la transition étaient en désaccord avec la volonté populaire et ont rendus nécessaires des réajustements. Ce qui a occasionné un autre coup d’état. La volonté populaire très forte s’était exprimée en faveur d’une révolution qui permettrai de changer profondément le citoyen malien et les institutions. Une transition trop limitée dans le temps ne pouvait progresser dans la mise en place des nouvelles institutions jusqu’à un point de non retour , il est devenu évident que les militaires ne pouvaient quitter la scène politique qu’en ayant mis en place des institutions plus adaptées à notre pays. La première date fixée pour la fin de la transition devenait ainsi impossible à tenir et cela aboutit directement à un conflit entre les autorités et la CEDEAO qui aussi voulait réinstaller le plus vite possible le régime précédent avec d’autres hommes. Les sanctions sont tombées et les menaces de sanctions plus lourdes lancées.

La terreur

Il est évident que nos partenaires de la CEDEAO n’y ont vu qu’une volonté manifeste des militaires de rester au pouvoir. Il est nécessaire qu’ils comprennent que les responsables de la transition n’ont pas eu le choix : la volonté populaire exprimée est si forte que personne ne peut l’ignorer.

Une organisation sous régionale, chantre de la démocratie, cherchant à préserver les chefs d’états de tout mouvement susceptible de les déranger, insensible aux violations des lois et règlements commises par ses membres, s’est fait entendre en menaçant le Mali de sanctions. Elle ne sait pas que la démocratie, c’est aussi le respect et surtout le respect des lois et règlements par tous y compris par leurs gardiens assermentés que sont en général les chefs d’état, Ceux ci ne se gênent pas pour les violer soit pour se maintenir au pouvoir soit pour avoir des avantages indus. Les coups d’états et même ceux très populaires comme au Mali ne peuvent en aucune manière être acceptés surtout si cela dérange des intérêts supérieurs.

En fait un peuple brimé qui se rend compte que le salut est dans une révolution pour changer le fonctionnement de ses institutions (comme ce fut le cas de la révolution française de 1789) n’a aucune chance d’y arriver avec le soutien de la CEDEAO. C’est une institution des peuples qui n’écoute pas les peuples.

Le peuple malien a décidé de prendre son destin en main en renversant avec l’aide des militaires, la monarchie que la CEDEAO considère comme une démocratie. Se faisant, le feu a été mis aux poudres et le Mali a été menacé et a même subit des sanctions de la communauté. Le plus grave est qu’apparemment l’organisation ne semble plus pouvoir raisonner correctement ou n’est pas autorisée à le faire.

Cherchons la logique dans les postures des autorités de la transition et celles de la CEDEAO en considérant que tous se battent pour un avenir meilleur du peuple malien.

Les autorités maliennes disent : on ne peut pas faire les élections à la date qui avait été acceptée parce qu’on se retrouverai dans la même situation qu’avant. Ce qui entraînerai sûrement un autre coup d’état, de plus l’insécurité est telle qu’on ne peut faire campagne que dans certaines grandes villes, ce qui n’est pas l’idéal pour un pays démocratique et enfin laisser nous consulter notre population pour nous permettre de savoir ce qu’on attend de nous et ensuite un chronogramme précis vous sera remis.

La CEDEAO réagit d’une seule manière comme si le vocabulaire lui manquait : Fin de transition en février 2022 ou sanctions.

La logique est totalement absente, les populations dans une grande majorité demandent le report de la fin de la transition et la CEDEAO exige d’y mettre tout de suite un terme, même si les conséquences sont désastreuses pour le pays .

Ce discours dure depuis un certain temps. Les sanctions au dessus de nos têtes peuvent tomber à tout moment. Notre organisation sous régionale ne se lasse pas de répéter ses menaces. La peur des sanctions est devenue hantise.

Les spécialistes maliens décortiquent presque tous les jours les textes de la CEDEAO et agitent d’avantage la peur des sanctions. Ceux qui souhaitent une fin rapide de la transition s’agitent d’avantage avec l’aide du président français qui lance des menaces à peine voilées à son ancienne colonie, peut être pas aussi indépendante que cela. Des spécialistes, économistes et autres fournissent en ce moment beaucoup d’efforts pour nous faire peur des conséquences des sanctions en affirmant tout simplement que cela va faire mal.

Sanctions devenues jouet pour les enfants

Les spécialistes maliens en usant de leur compétences doivent aider les maliens à comprendre. il faut cesser d’avoir peur des sanctions et aller vers nos objectifs.

Le genre de sanctions que la CEDEAO peut infliger sont des sanctions qui touchent nécessairement tous nos états ou dans le meilleur des cas deux états. Par exemple en cas de fermeture des frontières, au moins tous les pays limitrophes soufrent, peut être pas comme le Mali, mais ils sont quand même pénalisés injustement. Les exportations qui s’arrêtent créent des difficultés aux 2 parties ceux qui attendent les produits et ceux qui attendent leurs valeurs. Une sanction, n’importe laquelle a des conséquences plus ou moins lourdes pour toutes les parties concernées de la sous région.

Une sanction entraîne en général une réaction cherchant à contrer ses effets , cela devient une sorte de jeu (ou de guerre) ou le sanctionné cherche toutes les solutions pour en sortir et soyez rassurés qu’ils finira par trouver des solutions de contournements. Les sanctions pourraient perdre alors rapidement leurs effets ou même avoir des effets pervers plus préjudiciables aux pays non sanctionnés.

Dans un pays comme le Mali qui regorge de spécialistes en tous genre ayant effectués des études dans les écoles prestigieuses des pays développés, on ne trouve aucune analyse approfondie des sanctions et de leurs conséquences pour le Mali et aussi pour les autres états. Il aurait été intéressant, si cela n’est pas interdit, de voir fleurir dans les journaux, les conséquences de chacune des sanctions sur nous et tous les pays concernés. Une marche à suivre pour nous en sortir serait la bienvenue, même en cas de sanctions très lourdes.

Si malgré tout la CEDEAO s’évertue à infliger des sanctions au Mali donc à presque tous ses états en même temps ? Il faudrait que les chefs d’état comprennent qu’ils mettent en péril l’avenir de l’organisation. Une révolution populaire ne s’arrête pas à cause de sanctions qui ne pourront être que partiellement appliquées et qui font aussi mal à celui qui sanctionne, elle les contournera et cela de façon permanente, ce qui enlèvera toute crédibilité à l’organisation. Les sanctions cesseraient alors de faire peur, elles seront devenues des jouets pour les enfants.

Alors aucune précipitation pour une prétendue démocratie qui n’est en réalité qu’une pale image de ce que nous voudrions. Aucune peur pour les sanctions , si d’aventure, on devait y faire face, ne jamais oublier que cette voie aussi, celle qui nous oblige à chercher nous même une solution à chacun de nos problèmes avec l’aide de ceux avec qui nous nous serions mis d’accord, n’est pas interdite, Elle est certes périlleuse, mais d’autres l’ont suivie. A terme nos relations avec le monde qui nous entoure ne pourront être que meilleures.

Il faut peu de temps à un pays comme le Mali éternel avec ses terres, ses ressources humaines, ses ressources minières d’envisager un autre modèle de développement qui lui permettrai de consommer ce qu’il produit et de produire ce dont il a besoin avec la coopération de ceux qui voudraient bien travailler avec lui.

Nous maliens, sommes membre fondateur de beaucoup d’organisation dont les objectifs principaux conduisent à l’unification de notre continent. Nous n’avons pas tord et nous devons poursuivre dans le même sens afin qu’un jour les états unis d’Afrique puissent faire fasse à ses semblables sur la planète.

Nous peuple d’Afrique avons créer des organisations pour nous rapprocher dans l’intérêt de tous les africains et non pour que ces organisations servent à nous mettre sous tutelle pour mieux profiter de nous.

Bonne année 2022




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